C’est dans le dialogue que l’on entretient avec un autre que l’on se construit, que l’on se définit, et c’est dans ces paroles échangées qu’une relation à l’autre s’élabore. Des paroles où l’on se livre à l’autre, où l’on prend le risque de lui révéler notre rapport à nous-mêmes, notre rapport au monde et aux connaissances. Ces paroles ne sont pas neutres ou arbitraires, elles portent le sens de notre subjectivité. Elles peuvent-être un abandon de soi-même où l’on se livre totalement, des défenses où l’on se protège en ne révélant pas tout, une élaboration de ce qu’on est qui se construit dans l’échange, une part de nous même que l’on cache ou qu’on livre (des fois en le cachant), des aides que l’on veut apporter à l’autres, des attaques pour le blesser, des mensonges par ce que c’est la vérité qu’on veut lui faire croire, des connaissances pour l’aider à élaborer sa penser, des mises en garde pour le ramener sur le bon chemin, des quiproquos par ce qu’on ne se comprend pas, des banalités colorées par nos sentiments, par notre inconscient. Des paroles qui construisent la confiance, qui viennent en aide, qui crées du respect, de la compréhension, de l’amitié, de l’amour, qui aide l’autre à se trouver, à se construire, à construire des liens, à libérer l’imaginaire, à développer la créativité, à affirmer son caractère, à nous ouvrir des portes sur son intimité ; et des paroles qui pèsent sur la personnalité de l’autre, qui profèrent des prédications, qui provoquent des blessures, des normalisations, des dépréciations, des humiliations, des aliénations, de l’indifférence, qui rompent le dialogue, le biaise, le rende mal sain, destructeur. C’est dans la parole que nous adressons à l’autre qu’on lui livre notre personne, et c’est à la personne de l’autre que nous nous adressons, cela avec plus ou moins d’empathie, mais toujours avec une certaine fragilité. Par ce qu’on se risque, qu’il se risque, et que dans cet échange nous nous mettons mutuellement en danger. Puisque c’est avec sa sensibilité qu’il va interpréter ce qu’on lui dit, et ce qu’on lui cache (consciemment et inconsciemment). Mais c’est également de ce jeu de la parole, de l’échange, du dialogue qui circule de l’un à l’autre, qu’on va construire une compréhension commune, qu’on va réussir à mettre des paroles de plus en plus justes sur nos rapports à nous-mêmes, aux choses, à l’autre, qu’on va se libérer des barrières que nous dressons en défense contre l’intrusion d’autrui dans l’intimité où nous enfermons notre personne. Et c’est par cette proximité que le dialogue à construit que l’on va essayer de comprendre le sens des paroles qu’il nous adresse, ces paroles qui nous paraissent légèrement maladroites, décalées, parce qu’elles sont liées à sa personnalité et à son histoire et non aux nôtres. C’est parce qu’on ne se sent pas mis en danger par ses approximations que l’on ne va pas se refermer mais construire ensemble un sens commun dans cette relation.
Mickey ParSi(s)Parla