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Etre père

 

  à Mathilda... 

 

     Je suis assis à une table d’un restaurant et je me sens seul. Etrange ce sentiment de solitude à l’aube de devenir père. Mais tout est si fragile. L’invincibilité qui m’animait, il y a encore peu de temps : la famille, celle que j’ai créée avec ma femme, s’est ébranlée le temps d’une éternité. Les secondes ne s’écoulent plus comme si le temps s’était immobilisé, la peur de perdre notre enfant pas encore né mais déjà tant aimé, nous a glacé le sang.

     Je suis assis à une table d’un restaurant, et je me sens seul. Ma femme est à l’hôpital, le temps s’est arrêté. Cette incertitude nous vole notre bonheur, elle m’ampute d’une partie de ma nouvelle identité, mon enfant à moins cent dix jours et déjà on veut me l’enlever. Je vacille et ma femme me rend fort, elle vacille et c’est à mon tour de la prendre dans mes bras. Notre force s’amenuise séparément, va-t-elle tenir à deux ?

     Je suis assis à une table de restaurant, je suis seul, seul au monde le temps d’une éternité, une éternité de l’instant qui ne passe plus jusqu’à la délivrance ou la souffrance, d’être père ou d’être en deuil.

     Qu’on ne m’enlève pas mon enfant, je te supplie Dieu de ne pas m’ôter cela. Tout recommencer est au dessus de mes forces. Demain je serai père, mais quand ce jour viendra-t-il ? Ma femme est si belle enceinte, je l’imagine si belle mère. Elle ne mérite pas cela, elle est si forte et si fragile, son cœur berce déjà cet enfant, il vit en elle, leurs cœurs se briseraient ensemble.

     Je n’ai pas eu le temps de tenir mon enfant dans mes bras, le serrer fort, lui apprendre la vie. C’est lui que je veux et personne d’autre, alors je supplie Dieu de ne pas m’ôter cela…

 

 

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     Merci Dieu, merci pour cet enfant, cette petite fille que je n’ais osé espérer. Des larmes ont brouillées mes yeux, ma petite fille. Un jour on menace de me voler ce bébé, le lendemain on me permet de mettre un visage, une personnalité, une identité sur lui, et d’un bébé qu’on espère, il devient une petite princesse qu’on attend avec impatience.

     La vie ne tient qu’à un fil, prêt à rompre parfois, solide comme l’acier le plus souvent. Mais elle est comme un fil d’Ariane qui semble mener à un destin que personne ne connait.

     Mon destin est d’avoir une fille, un fil que je tacherai de rendre solide comme l’acier.

 

     Des pages tournent, une par une, aussi solennelles à chaque fois et pourtant elles ne forment qu’une seule histoire avec un début qu’on nous a raconté, et une fin qu’on voit se rapprocher le temps de battement qui sépare deux pages.

     Ce moment où le temps semble s’être arrêté, moment intime, introspectif, moment qu’on assume seul, avec comme seuls jurés nos démons. Moment où l’histoire s’est gelée, où l’on retient notre souffle quelques secondes, quelques heures, et lorsqu’on expire enfin, l’histoire reprend comme si elle ne s’était jamais arrêtée.

    Je tourne une page de ma vie, juste le temps d’un soupir, un sourire au coin des lèvres et les yeux qui brillent, je suis prêt à être père.

    Je t’attends mon fils, je t’espère ma fille, on t’a construit une belle maison avec une cheminée au milieu, un foyer qu’on nourri d’amour, toujours.

 

Mickey ParSi(s)Parla

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